Entrevue avec Youri et anecdotes

Nous sommes un beau dimanche après-midi au pavillon Ferdinand-Vandry de l’Université Laval. L’équipe finalise les derniers détails avant d’effectuer l’entrevue avec Youri [1]. Nous regardons nos notes pour nous assurer que toutes les questions qu’on veut lui poser sont bien là. Tout y est. Nous l’appelons sur Skype. Youri est très ouvert et répond à toutes nos questions avec beaucoup de détails, intérêt et bonne humeur. Sa femme, Carla [2], est aussi présente. Elle complète certaines réponses lorsqu’elle a des éléments d’information à nous donner. Cette dernière, qui se trouve à être ma cousine, est Québécoise, mais elle a vécu plusieurs années au Brésil. Elle connaît donc bien le pays d’origine de l’homme qu’elle a épousé et nous est d’une grande utilité. Les premières questions visent à mieux connaître le Brésil. On lui demander de nous parler du Brésil, de sa culture, de ses fêtes, des sports, etc. Quand nous avons toutes les informations nécessaires, nous lui demandons de nous parler des expériences vécues au Québec depuis son arrivée :

Leur histoire


Youri est un immigrant brésilien qui habite au Québec depuis maintenant 4 ans. Avant il vivait à Brasilia, la capitale du Brésil. C’est là qu’il a rencontré Carla. Cette dernière est d’origine québécoise, mais sa mère travaille conjointement avec l’ambassade canadienne dans différents pays en voie de développement. Elle a donc vécu avec sa famille plusieurs années au Mali, au Sénégal et au Brésil. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à Brasilia et qu’elle a rencontré Youri. Après 3 années, ils ont décidé de se marier et de venir vivre au Québec. Ils habitent Montréal depuis maintenant 4 ans. Carla enseigne le français à de jeunes immigrants et Youri est programmeur informatique.

Brasilia

Premier voyage

Québec en hiver
Youri commence par nous raconter son premier séjour au Québec. C’était un an avant qu’il vienne définitivement s’installer au Canada. Il était venu en hiver, car c'est là qu'ont lieu  ses vacances scolaires. En effet, le Brésil se trouve dans l’hémisphère sud alors les saisons sont inversées. Les étudiants brésiliens sont en vacances d’été pendant que nous sommes en vacances de Noël. Avant de prendre l'avion, il s’était pratiqué à enfiler des vêtements d’hiver.  Il nous raconte avec un grand sourire que la première fois il avait commencé par enfiler ses mitaines avant son manteau et ses bottes. Il avait fallu lui expliquer comment enfiler ses vêtements et dans quel ordre les mettre. Il nous a aussi avoué avoir parlé avec sa femme de ce qu’il allait faire lorsqu’il verrait de la neige pour la première fois. Il voulait aller jouer des heures dans la neige, faire des bonshommes de neige et même dormir dehors. Sa femme avait essayé de lui expliquer que certaines de ces choses ne seraient pas possibles, qu’il pouvait  faire très froid au Québec trop pour dormir dehors ou qu’il fallait le bon type de neige pour construire un bonhomme de neige. Il nous avoue ne pas avoir compris ce qu’elle essayait de lui raconter.


Avec un sourire, Youri nous raconte qu’en débarquant de l’avion à Montréal il faisait -37°C. « En sortant de l’aéroport, la première chose que j’ai faite a été d’enlever mon gant et prendre de la neige avec mes mains nues. Carla m’avait crié de ne pas faire ça, qu’il faisait trop froid, mais je ne l’ai pas écouté », nous dit-il en riant.  C’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre ce qu’on avait essayé de me dire sur la neige et la température au Québec.

Youri poursuit son discours : « je me souviens aussi du son que faisaient mes bottes pendant que j’avançais dans la neige : «crounch». Je me rappelle m’être dit que c’était comme dans ses jeux vidéo dans lesquels les personnages marchaient dans la neige. Avant cette journée, je n’avais jamais compris ce son ».

En sortant de l’aéroport, Youri et Carla se sont ensuite rendus chez des amis qui habitaient le Plateau Mont-Royal. Sa femme nous explique qu’en arrivant chez leurs amis, Youri est entré dans leur appartement sans enlever ses bottes. Elle lui avait expliqué que la neige allait fondre et il y aurait de l’eau partout. Avec le sourire, elle nous dit qu’il avait bien compris ses propos, car il s'était mis à retirer ses bottes à chaque fois qu'il entrait dans un bâtiment. Le lendemain, il avait enlevé ses bottes en rentrant dans une pharmacie pour s’acheter une brosse à dents.

Adaptation

Nous demandons par la suite à Youri comment il s’est adapté à la vie au Québec lorsqu’il est venu s’y installer définitivement. Il nous raconte que ce qu’il a trouvé le plus difficile a été de se trouver un emploi. Dès son arrivée, il est allé déposer son CV dans toutes les compagnies d’informatique qui pouvaient avoir besoin de programmeurs. Il n’a pas eu beaucoup de succès. Il nous avoue qu’à cette époque il ne parlait pas très bien le français et bien que son anglais soit meilleur, il n’était pas suffisant. « Après un certain temps, j’ai réalisé que je devais améliorer mon français pour pouvoir bien m’intégrer », nous confie-t-il. Il a donc décidé de s’inscrire à des cours de français financés par le gouvernement. Il les a suivis pendant 3 mois et il suffit de l’écouter répondre facilement à nos questions pour comprendre qu’il a beaucoup appris.  C’est par la suite qu’il a trouvé son premier emploi au Canada.

Cette première expérience de travail n’a pas été très agréable pour Youri. Il nous confie que son patron a profité de sa situation d’immigrant pour le traiter injustement. Il était toujours le premier à se voir imposer du travail supplémentaire souvent sans préavis. Par ailleurs, certaines de ses heures supplémentaires n’étaient pas payées. Youri a finalement réussi à se trouver un autre travail qui lui convient beaucoup mieux avec des patrons justes et une équipe très dynamique.

Le Canadiens de Montréal
Un autre élément de la vie au Québec qui a beaucoup impressionné Youri est l’engouement suscité par le hockey et les Canadiens de Montréal. Il affirme bien comprendre cet intérêt puisqu’il est très similaire à celui que les Brésiliens ont pour le soccer. Il comprend maintenant les règles du jeu en général et nous affirme même avoir participé à des « pools » de hockey avec ses collègues de travail. Youri nous avoue, par contre, que la majorité des joueurs qu’il a sélectionnés étaient dus au hasard plus qu’à autre chose. Par contre, comme un vrai Brésilien, il nous confie que son sport favori sera toujours le soccer.





[1]Le prénom Yuri, ou Youri, est un dérivé du prénom Georges. A l'origine slave, il est devenu très courant dans les pays latinos et notamment au Brésil. Yuri a deux visages : d'un côté, c'est un homme de pouvoir, dominateur, égocentrique et matérialiste, de l'autre, un homme tourné vers la connaissance et le savoir. C'est un "homme de la terre" : il met un point d'honneur à travailler dur pour se procurer ses richesses. (http://www.magicmaman.com/,les-plus-beaux-prenoms-bresiliens-pour-garcon,2094,2146786.asp#?slide=10)
[2] Le prénom Carla est le prénom latino par excellence, très répandu au Brésil et pourtant dérivé du prénom Charles, d'origine germanique ! Les petites Carla sont attentives et persévérantes, faites pour des études longues et méthodiques. Carla restera, quoi qu'il arrive, fidèle à son enfance, à sa famille et à ses origines. (http://www.magicmaman.com/,les-plus-beaux-prenoms-bresiliens-pour-fille,2094,2146783.asp#?slide=2)



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